SLOTERDIJK, Peter, Regeln für den Menschenpark, Francfort, SuhrkampVerlag, 1999 ; rééd. SLOTERDIJK, Peter, Règles pour le parc humain, Paris, Mille et une nuits, 2000.

Dans l’ouvrage intitulé Règles pour le parc humain, Peter Sloterdijk s’interroge sur la possibilité de la domestication de l’homme dans un monde où l’humanisme est en déclin. Ce concept qui vise à mettre l’homme avant tout se retrouver à ignorer les possibilités ouvertes par les nouvelles techniques pour l’amélioration de l’homme. L’auteur suggère que les processus d’anthropotechniques, discipline visant à réaliser le meilleur équilibre possible entre l’homme et la machine, sont à exploiter dans leur potentiel à engendrer une sélection naturelle. Les nouvelles techniques serviraient à garder en vie uniquement un ensemble d’humains dominants en société. Il souhaite réinventer la pensée philosophique pour qu’elle devienne inclusive des êtres hybrides.

Pour défendre sa thèse, Sloterdijk évoque d’abord la décadence de la littérature qui selon lui est devenue « une sous-culture sui generis avec les médias de masse1 ». Il parle ensuite de l’humanisme comme étant un projet contre la bestialisation de l’homme. Enfin, il en vient à la notion du « parc humain » géré par la politique et les anthropotechniques.

Dans son ouvrage, Sloterdijk propose des concepts clés qui articulent la thèse précédemment énoncée. Un premier concept évoqué est la littérature. Elle reflète la pensée humaine qui n’est qu’une correspondance dont les expéditeurs ne connaissaient pas les destinataires. Un autre concept clé est l’humanisme, définit par Sloterdijk comme étant la « lutte entre les tendances qui bestialisent et celles qui apprivoisent2. » Il parle également de domestication dans son ouvrage. Il s’agit du pouvoir qu’a l’élite à dompter le commun des mortels par le biais des techniques nouvelles. Enfin, il s’attarde sur le concept d’anthropotechniques qu’il définit comme le dispositif par lequel l’élite prend le contrôle et façonne l’espace de l’existence humaine. Il y a dans son discours une allusion dystopique qui pourrait nous rappeler la technophobie de Samuel Butler. La crainte serait que les machines prennent le dessus sur l’homme. Mais on retrouve également un aspect technophile dans son ouvrage qui encouragerait l’usage des anthropotechniques pour créer un équilibre entre homme et machine.

Cet ouvrage controversé est un point de départ pour questionner l’usage des techniques. Il propose des réflexions sur le champ du design. L’auteur suggère, en effet, une étroite corrélation entre l’humanisme et les dispositifs techniques. Ceci n’est pas sans rappeler les propos de Gilbert Simondon qui lui parle d’un design humaniste revendiquant des machines ouvertes, dans une optique de technologie faite pour être vécue et non subie.

Kay SAMAHA, Master 2 « Design, Arts, Médias », Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.


  1. SLOTERDIJK, Peter, Règles pour le parc humain, Paris, Mille et une nuits, 2000, p.13. 

  2. Ibidem, p.17.