AGAMBEN, Giorgio, Che cos’è un dispositivo ?, Milan, Nottetempo, 2006.

AGAMBEN, Giorgio, Qu’est-ce qu’un dispositif ?, Paris, Payot et Rivages,Traduit par Martin Rueff, 2007.

Dans cet ouvrage, l'auteur se questionne sur le rôle des dispositifs — objets, plans, agencements qui gouvernent les êtres humains en leur privant de libertés —, et sur la manière dont nous devons aborder ceux-ci. Il écrit plus précisément : « quelle stratégie devons-nous adopter dans le corps à corps quotidien qui nous lie aux dispositifs1 ?».

Giorgio Agamben nous propose de nous séparer, voire de nous libérer des dispositifs qui nous entourent. Comment ? Par la « profanation », qui consiste à restituer ce qui appartient aux hommes et donc à se réapproprier quelque chose qui nous a été enlevé. Pour arriver à établir sa thèse, il définit ce que sont les dispositifs en se fondant principalement sur les écrits de Michel Foucault, qui est un des principaux penseurs de concept. Ensuite, il indique les impacts, l’emprise que les dispositifs ont sur nous et sur ceux qui les utilisent. Enfin, il indique sa solution, rendre aux hommes ce qui leur appartient : leurs libertés.

Trois concepts clés ressortent de son ouvrage : les dispositifs, le processus de subjectivation et enfin la profanation. Ceux-ci concernent respectivement l’objet de l’ouvrage, le lien psychique que nous avons avec les dispositifs et la solution pour nous libérer de leur emprise.

Selon la définition des dispositifs de Giorgio Agamben, le design en lui-même est clairement un dispositif. Comparables aux appareils de Jean-Louis Déotte2, les dispositifs sont des appareils à contraintes, ils nous conditionnent. Par exemple, dans le champ du design nous sommes poussés, voire contraints, dans la création, d’adopter la suite Adobe. Or, en tant que designers nous l’utilisons pour la mise en page ou l’illustration, alors même que nous sommes limités par les fonctionnalités de celle-ci. En tant que designers nous créons et mettons en place aussi des appareils à contraintes c'est-à-dire que nous pouvons induire les comportements des populations dans leurs quotidiens. Nous le voyons dans la création de sites internet, dans l’utilisation, parfois dévoyée, du Design Thinking, qui est une méthode de conception basée sur l’humain. Fondée sur l’écoute de l’utilisateur pour mieux l’accompagner dans son expérience, n’est-elle pas utilisée à des fins mercantiles ?

Lauriane GIRARD, Master 2 « Design Arts et Médias », Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2021-2022


  1. Giorgio AGAMBEM, Qu’est ce qu’un dispositif ?, Paris, Payot et Rivages, p. 34. 

  2. Jean-Louis DÉOTTE, « Le milieu des appareils », Appareil [En ligne], 1 | 2008, mis en ligne le 09 février 2008, consulté le 10 janvier 2022. URL : http://journals.openedition.org/appareil/75 ; DOI : https://doi.org/10.4000/appareil.75