HARA, Kenya, Nippon no dezain : Biishiki ga tsukuru mirai, Tokyo, Iwanami Shoten, Publishers, 2011.
HARA, Kenya, Designing Japan : A Future Built On Aesthetics, Zurich, Lars Muller Publishers, 2019.
Dans Designing Japan : A Future Built on Aesthetics, Kenya Hara se questionne sur l'avenir du Japon qui a perdu le rôle «d'atelier de fabrication » face à d'autres puissances asiatiques. Il plaide pour la récupération de l'esthétique japonaise, qui a été étouffée par les conséquences esthétiques et économiques de l'adoption massive par le Japon de l'industrialisme occidental et, inversement, il s’interroge sur le regard actuel que le monde porte sur le Japon. Finalement Hara dresse un état des lieux des conséquences passées et actuelles des développement mondiaux sur l’économie, la démographie et la culture japonaise. Face à ce bilan et à la fin de ce modèle économique, l’auteur écrit afin de proposer des possibilités futures pour le développement du Japon. Il tente donc de proposer des solutions en vue d’une renaissance du modèle japonais, avec les ressources qui sont à disposition et les valeurs auxquelles le pays aspire.
Le designer rend compte de comment le design peut contribuer à l'avenir de son pays. Il envisage cet avenir basé sur l'essence de l'esthétique japonaise, tout en conservant une approche pratique au travers de la technologie. Il défend dès lors la thèse selon laquelle le design permet de résoudre des problèmes, puisqu'il s'agit d'une industrie mouvante qui agit non pas en dépit de l'avancée de la technologie, mais en tant que partenaire de celle-ci. Il prédit donc que le Japon va exporter cette vision de la beauté, puis trouver des moyens de la commercialiser.
Pour asseoir sa thèse, l'auteur procède en cinq grandes étapes. En premier lieu, il énonce les faits historiques justifiant la naissance du design professionnel au Japon. Puis, il tente de considérer toutes les ressources dont le pays dispose, en mettant en avant l’esthétique comme ressource. Ensuite, il montre que la généalogie de cette dernière a permis de saisir ce qu'est l'essence même de l’esthétique japonaise, à savoir la simplicité et la précision. Il rappelle alors que ces recherches ont placé l'humain, ses besoins, ses désirs et son comportement au centre de ses préoccupations. Enfin, il présente le design comme étant une solution pour pallier les difficultés (économiques) que le pays rencontre.
Les concepts clés de l’auteur gravitent autour de ces deux pôles, à savoir l’esthétique et le design. Une esthétique de la simplicité, de la rigueur, du raffinement et de la précision ; une esthétique rendue possible par un design rationnel, utile, perspicace et pratique ; mais également par les technologies à haute performance. Ces concepts illustrent pla persistance de l'esthétique japonaise et de son rôle dans le raffinement des produits contemporains tels que l'automobile et les fibres synthétiques.
Nous pourrions penser, avec Keny Hara, que le design a le pouvoir de changer « le monde ». De prolonger notre existence sur Terre. Kenya Hara montre qu'il faut créer avec son temps et avec les ressources à disposition afin de tirer le meilleur profit de ces dernières en vue d’aspirer à un large rayonnement. Il démontre que les prouesses parviennent par le biais de l'innovation. Finalement, l’auteur offre une réflexion sur le métier, les pratiques du designer. Une activité qui se heurte à des composantes politiques, historiques, environnementales, sociales, géographiques etc., mais qui tente de proposer un futur meilleur dans un environnement constamment changeant et évolutif de manière plus ou moins brutale.
Célia CHARRA, Master 1 « Design, Arts et Médias », Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2021-2022.