1. Définition

Si le terme de modernité est bien présent dans les dictionnares, le concept n'en reste pas moins obscur, comme l'indique l'occurrence suivante :

« La modernité n'est ni un concept sociologique, ni un concept politique, ni proprement un concept historique. C'est un mode de civilisation caractéristique, qui s'oppose au mode de la tradition, c'est-à-dire à toutes les autres cultures antérieures ou traditionnelles : face à la diversité géographique et symbolique de celles-ci, la modernité s'impose comme une, homogène, irradiant mondialement à partir de l'Occident. Pourtant elle demeure une notion confuse, qui connote globalement toute une évolution historique et un changement de mentalité. »

Jean BAUDRILLARD, Alain BRUNN, Jacinto LAGEIRA, « MODERNITÉ », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 9 avril 2022. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/modernite/

Dans le champ du design, notamment italien, la modernité renvoie à la fois, et peut-être irréductiblement, à la notion même de projet et de désordre, comme le laissent entendre ces deux ciations d'Andrea Branzi :

« Cela m'a permis de voir la modernité comme une sorte de projection théorique : des projections, des idées, des signes, des projets. »

Transmission#1, Paris-Saint-Étienne, Les éditions de l'amateur/La Cité du Design, Interview de Andrea Branzi par Catherine Geel, 2006 p. 11.

« Dans le mouvement moderne en Italie, il n'y a jamais eu l'idée d'une modernité dans l'ordre, mais plutôt dans le chaos. »

Transmission#1, Paris-Saint-Étienne, Les éditions de l'amateur/La Cité du Design, Interview de Andrea Branzi par Catherine Geel, 2006 p. 17.

2. Du français à l'anglais

Le terme modernité naît au 19^e siècle chez des écrivains français tels que Théophile Gautier, François-René de Chateaubriand ou Honoré de Balzac.
En anglais Modernity, dispose d'un spectre plus large. On peut ainsi le comprendre, par delà sa saisie littéraire, comme un domaine des sciences humaines et sociales définissant des normes, des pratiques et des attitudes.

3. Explication du concept

Théophile Gautier a été le premier à introduire la notion de modernité dans la critique d'art et par extension dans le domaine de l'esthétique avec son article du Moniteur universel, en 1855¹.
Le design, né des bouleversements industriels de la deuxième moitié du 18^e siècle, a fait de la modernité son terreau d'expérimentation. Comme le dit Jean Baudrillard, c'est un concept qui trouve sa définition en opposition aux traditions, qui elles-mêmes sont en constante évolution, et qui dépend aussi de sa situation géographique. C'est pour cela qu'on ne parle pas « d'une » modernité mais plutôt « de » modernités.

Dans son interview pour l'émission À voix nue, Andrea Branzi explique que Florence n'était pas une ville moderne lors de ses années universitaires. Cela lui a permis de comprendre la notion de modernité théoriquement plutôt que d'être confronté à elle directement. Ainsi, il la comprend comme une projection abstraite et théorique. Il la lie ainsi avec la notion de projet, inhérente au design.

4. Problématisation

Dans la seconde citation rapportée plus haut, Andrea Branzi insinue que, dans l' Italie des années 70, il y avait une sorte de modernité exempte de rationalité. Au moment de Superarchitettura, Andrea Branzi a fait un constat sur la modernité. Il pensait au départ que cette dernière était une alliance stratégique entre la ville, l'architecture et les objets vers un ordre plus global. Finalement, il découvre que cette discipline était tout sauf en harmonie mais plutôt qu'il y avait une fracture béante. C'était des organismes autonomes, dit-il, et l'on revient encore à cette idée t'autonomisation. Le projet de Superrarchitettura, de par son opposition à la tradition, en fait un objet de modernité. Mais on ressent cette envie d'Andrea Branzi d'accepter cette condition de masse qui vient avec la modernité. On parle ici des bouleversements démographique, des densifications des vie mais aussi des transformation de la ville en espace d'échanges de services et de marchandises.

Illustration

Figure 1. Modernité, Youssef Douieb