LOEWY, Raymond, Never leave well enough alone, New York, Simon and Schuster, 1951.
LOEWY, Raymond, La laideur se vend mal, Paris, Gallimard, collection TEL,1990.
Raymond Loewy, suite à son arrivée en Amérique, constate une pauvreté des produits industriels qu’il décrit comme étant de qualité mais très laids. De cette constatation est née une volonté d’amélioration esthétique de ces productions, ce qui conduit Raymond Loewy à se demander comment et dans quelle mesure « l’industrial design » peut apporter sa contribution à la vie quotidienne et à la vie américaine en particulier. La laideur se vend mal consiste dès lors en une sorte de biographie, voire de testament.
En réponse à cette préoccupation, Raymond Loewy soutient que le design industriel peut améliorer la vie des Américains en analysant les besoins des usagers et en étudiant les formes, les couleurs et les matières qui influencent leurs réactions physiologiques et psychologiques. Le designer cherche une certaine tranquillité d’esprit de l’utilisateur, il veut rendre la vie plus agréable par une utilisation simplifiée, libérée de toute confusion possible dans l’utilisation de tel ou tel outil ou objet, par exemple, et en soignant les aspects sensoriels des productions.
Pour défendre cette thèse, dans La laideur se vend mal, Loewy procède en trois temps. La première partie de son argumentation met en place le décor, le début de la vie de et les prémisses du design. La deuxième, quant à elle, aborde les bases de l’esthétique industrielle et la façon dont elle peut venir à bout des réticences des Américains. La troisième et dernière partie est une mise en application et une démonstration du pouvoir propre au design industriel.
À travers son ouvrage Raymond Loewy introduit la notion de « laideur » qui relève d’un manque d’harmonie des produits, de la grossièreté causée par un assemblage maladroit, un surplus d’ornements ou encore par des lignes confuses et désordonnées. C’est face à ce constat qu’intervient la notion d’« esthétique industrielle » qu’il définit comme étant une volonté d’amélioration esthétique et pratique des produits industriels par la simplification. Le concept de « simplification » est donc également abordé et se caractérise par l’élimination des éléments complexes d’un produit en privilégiant des courbes lisses et pures afin d’en faciliter l’utilisation et la compréhension. C’est à partir de cette volonté de simplicité qu’il forge le concept de « streamline » qui désigne un mouvement inspiré des formes dynamiques et profilées du secteur des transports transposé aux objets du quotidien afin d’évoquer le progrès.
Ce livre offre une compréhension des étapes que le design a traversées pour se faire entendre et s’imposer comme profession à part entière. On comprend, avec La laideur se vend mal, que le design n’est pas juste une question de beauté et d’harmonie. C’est en effet un savoir-faire et un savoir réflexif doté d’une volonté permanente d’amélioration. Raymond Loewy expose conjointement l’histoire de cette discipline liée à l’industrie et l’histoire de sa vie. Il théorise le design tout en dévoilant les clefs de sa réussite personnelle mais, chemin faisant, il montre que l’objectif inhérent au design est de nous faire vivre mieux les uns avec les autres.
Audrey FREVILLE, Master 1 « Design, Arts, Médias », Paris 1 Panthéon-Sorbonne