THARP Bruce M., THARP Stephanie M., Discursive Design: Critical, Speculative, and Alternative Things, Cambridge, The MIT Press, Design Thinking, Design Theory, 2019.
THARP Bruce M., THARP Stephanie M., Le Design Discursif : choses critiques, spéculatives et alternatives (proposition de traduction)
Dans Discursive Design : Critical, Speculative, and Alternative Things, Stepanie et Bruce Tharp soulignent le fait que la tradition du design de produit, développée par les exigences du marché au cours du XX^e^ siècle, n'a malheureusement pas élargi son champ d'action social et que, par conséquent, le design qui fait penser (« design for thinking »), n'est pas encore un élément essentiel de la discipline. Dès lors, les auteurs se demandent comment le design de produit peut reconnaître sa plus grande valeur. Quelles sont les forces et les limites de ce nouveau domaine de conception, et comment peut-il être appliqué dans la pratique ?
Les auteurs soutiennent que l'engagement en faveur du changement social à travers une réflexion intellectuelle peut constituer la plus grande valeur du design. C'est pourquoi ils valorisent le design discursif qui, plutôt que de remettre en question ce qui est conçu ou comment les choses sont conçues, se concentre sur la raison pour laquelle les choses sont conçues1.
L'un des concepts clés du livre est l'approche du cadre à quatre champs (« the four-field framework »), qui consiste en des champs commerciaux, responsables, expérimentaux et discursifs où l'agenda principal du design discursif est communicatif2. Cette approche permet de bien représenter le sujet principal du livre, le design discursif. C'est la catégorie abritant d'autres pratiques similaires comme le design critique, le design spéculatif et le design de fiction3. Les auteurs le décrivent comme une « analogie genre-espèce » (« Genus–Species Analogy »). Ainsi, le design discursif est un genre, avec de nombreuses espèces, chacune avec des intentions similaires mais avec des outils, des techniques, des postures et des publics différents4. Les « espèces » visées sont unifiées par leur préoccupation pour un certain degré d'impact intellectuel5. Elles produisent toutes des biens qui sont bons pour la réflexion6. Le livre donne également une définition claire du type de design responsable, souvent décrit comme un « design social ». Ce qui fait la différence avec le design discursif, c'est l'exigence de réflexion sur le public7. La partie de la communication intellectuelle aux utilisateurs n'est pas initialement requise dans le design social.
Ce livre fournit d'importantes orientations théoriques qui peuvent aider les designers à repenser leurs pratiques. L'adaptation aux « vrais besoins des hommes” », comme l'a écrit Victor Papanek, et la tentative de donner un certain « contexte social » au design de produit sont évidentes8. Le design discursif, à la limite du rejet de l'esthétique et en dehors d'un paradigme de design commercial, tente de légitimer une valeur supplémentaire du design de produit.
Giorgi KARALASHVILI, Master 1, « Design, Arts, Médias », Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2022-2023.
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THARP Bruce M. et THARP Stephanie M., Discursive Design: Critical, Speculative, and Alternative Things, Cambridge, The MIT Press, Design Thinking, Design Theory, 2019, p. 53. ↩
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THARP Bruce M. et THARP Stephanie M., Discursive Design: Critical, Speculative, and Alternative Things, op. cit., p.44-46. ↩
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Ibidem., p. 86-90. ↩
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Ibid., p. 85-88. ↩
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Id., p. 344. ↩
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Id., p. 8. ↩
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Id., p. 48. ↩
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PAPANEK, Victor, Design pour un Monde Réel : Ecologie Humaine et Changement Sociale, Paris, Mercure de France, traduit de l’anglais par Robert Louit et Nelly Josset, 1974, p. 24. ↩