1. Définition

D’après le Larousse, une œuvre est un :

« Objet, système, etc., résultant d'un travail, d'une action : ce tabouret est l'œuvre d'un artisan. Production de l'esprit, du talent ; écrit, tableau, morceau de musique, etc., ou ensemble des productions d'un écrivain, d'un artiste: les œuvres de Bach. Une œuvre d'art. Une thèse sur l'œuvre de Rimbaud. »

https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/%C5%93uvre/55708, consulté le 10/11/2022.

Dans L’œuvre et le produit, Yves Deforge définit l’œuvre d’art de manière qui paraît plus précise que cette première occurrence :

« Les critères d’une œuvre seraient donc l’exécution manuelle, le rare voire l’unique, l’original et éventuellement l’ancien ».

Yves, DEFORGE, L’œuvre et le produit, Seyssel, Éditions Champ Vallon, collection milieux, 1990, p. 15.

2. Du latin au français

Le terme d’œuvre vient de l’ancien français « uevre », primitivement « ovre », qui remonte au latin « opus » et désigne l’« activité et le travail ». De par son origine, la notion d’œuvre renvoie à tout ce que l’homme créé en tant que production, ce n’est que progressivement que la notion se confond avec celle « d’œuvre d’art ». Cette notion évolue encore, car chaque époque connaît sa propre définition de ce que peut être une œuvre d’art selon les critères sociaux que l’on se donne et selon l’environnement où l’on accède à ces objets : une fois muséifiés, ces derniers changent de statut, perdent leur fonction utilitaire pour devenir des œuvres d’art. Souvent liée à une reconnaissance, une forme de prestige, la définition de l’œuvre fait débat afin de ne faire pas rentrer n’importe quoi dans cette catégorie. Les productions de design semblent de ce fait rester aux portes de cette catégorie.

3. Explication du concept

Dans le livre d’Yves Deforge intitulé L’œuvre et le produit, l’œuvre d’art est une des catégories possibles des objets. On y retrouve également le produit, qui à première vue semble être radicalement opposé. L’œuvre d’art est une réalisation souvent manuelle, ce qui implique qu’elle est détentrice d’imperfections ou de défauts. Et c’est précisément ce qui la différencie du produit qui, lui, est fabriqué par une machine. Cette dernière reproduit un mouvement mécanique automatisé et ne fait aucune erreur ou bien, s'il y en a une, elle se multiplie sur chaque réalisation. Imparfaite de manière consciente ou pas, l’œuvre dispose d’une aura particulière. Selon Walter Benjamin, dans L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique1, l’œuvre d’art originale possède un plus qu’on ne peut pas reproduire : c’est son aura.

4. Problématisation

Cette notion d’œuvre pose divers problèmes tels que la place du design dans le spectre des œuvres d’art. Faut-il exclure ce dernier du domaine de l’œuvre au motif qu’il n’exécute pas manuellement la réalisation plastique ? Lors de la conception, le designer peut produire des dessins et des maquettes uniques avant de se lancer dans l’industrialisation, ce qui prouve son implication dans la production. D’après le livre d’Yves Deforge, on peut observer tout un éventail de nuances pour ce qui concerne le terme d’œuvre. On peut également parler d’œuvre lorsque le consommateur d’un produit personnalise et modifie ce dernier, créant ainsi un second type d’objets hybrides. Il part en effet d’un produit industriel qui devient une œuvre unique grâce au processus créatif mis en œuvre ; le consommateur se transformant alors en concepteur-réalisateur. De plus, un autre facteur peut modifier notre rapport aux objets, c’est celui du temps et de l’environnement dans lequel on entre en contact avec eux. Par exemple, on peut retrouver aujourd’hui dans des expositions des chaises datant du Bauhaus : présentées sur des estrades, détachées de leur fonction, elles deviennent des œuvres, presque des sculptures que l’on regarde pour leurs qualités esthétiques.

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Figure 1. Les œuvres dans le design, Azout Thalia.

Thalia AZOUT, Master 1, « Design, Arts, Médias », Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2022-2023.


    • BENJAMIN Walter, L’œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique, 1936 ; rééd. Œuvres, Paris, Denoël, 1971, 2 vol.*