FLUSSER, Vilém, Dinge und Undinge. Phänomenologische Skizzen, München, Edition Akzente Hanser, 1993.

FLUSSER, Vilém, Choses et non-choses. Esquisses phénoménologiques, Nîmes, Éditions Jacqueline Chambon, 1996.

Dans Choses et non-choses. Esquisses phénoménologiques, Vilém FLUSSER constate que les choses du quotidien ne reçoivent pas une grande attention. Par conséquent, il se demande si elles sont réellement insignifiantes et si elles méritent que nous leur portions plus d’attention.

Ainsi, dans Choses et non-choses Esquisses Phénoménologiques, Vilém FLUSSER défend l’idée que les choses qui nous entourent sont riches en messages. C’est pourquoi les analyser de façon plus approfondie nous permet de les voir autrement et, ainsi, de faire ressortir le potentiel enfoui de l’objet banal.

Pour défendre cette thèse, Flusser structure son livre tel un glossaire, dans lequel il traite de différentes choses de son environnement qui paraissent « insignifiantes ». Par exemple, FLUSSER étudie la phénoménologie d’une bouteille, des bâtons ou encore de la cuillère à soupe. Pour chaque chapitre, il part généralement d’une citation, d’une référence ou d’un stéréotype pour introduire la chose (ou non-chose). Puis, il procède à une analyse approfondie avec une approche philosophique.

Dans Choses et non-choses Esquisses phénoménologiques, Flusser développe plusieurs concepts qui apparaissent de façon récurrente. À première vue, il établit des dualités entre les concepts. Par exemple, nous pouvons citer la notion de «Choses », qui concerne tous les objets matériels, et les « Non-choses », qui sont des choses immatérielles (les images de synthèse, les hologrammes) ou matérielles (les ordinateurs) souvent survalorisées. Sinon, son vocabulaire se rapporte principalement à la nature et à l’humanité de façon apparemment basique : le concept « Culture » correspond à ce qui provient de l’homme, tandis que la « Nature » concerne ce qui ne provient pas de l’homme. Mais Vilém Flusser utilise également deux autres concepts pour qualifier ce qui provient de la nature ou de l’homme, deux autres concepts qui viennent par conséquent contredire ce caractère basique : le qualificatif « pur », qui permet de désigner ce qui est naturel ou authentique ; son antonyme « non-pur », qui permet à Flusser de déterminer ce qui est artificiel, donc non-naturel. D’autres termes récurrents apparaissent dans plusieurs chapitres, tels que le terme « Entropique » pour désigner les choses de notre environnement qui, transformées par l’homme, ne peuvent échapper à la flèche du temps. Le mot « Dasein », en allemand, se traduit en français par « être-là », « existence humaine » et souligne ainsi l’appartenance concrète de l’homme existant dans un monde. Enfin, le terme « Phénoménologique » apparaît dans le titre et dans plusieurs chapitres. Il correspond à ce qui se fonde sur l'observation des phénomènes et sur les données de l'expérience.

Choses et non-choses Esquisses phénoménologiques tisse un lien évident avec le design puisque Vilém Flusser est lui-même théoricien du design. Son livre paraît dans les années 90, lorsque les designers s'intéressent de plus en plus à l’expérience utilisateur (UX) et au design d’interaction, c'est-à-dire, penser la relation entre l’utilisateur et l’objet. Comme Victor Papanek, il éprouve un scepticisme envers l’esthétique, jugée pernicieuse. C’est pourquoi il s’intéresse à des objets triviaux d’un point de vue phénoménologique1. Son but est de s’éloigner du sens commun afin d’avoir une idée neuve de l’objet, en convoquant différents points de vues2 (philosophique, sociologique, culturel, politique, historique, religieux…)

Marine PICHEL-DUQUENNE, Master 1 « Design, Arts, Médias », Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2021-2022.


  1. Ce domaine d’étude philosophique met l’accent sur l'apparence et l’apparaître des choses. Chez les designers, il traduit la volonté de renouveler le regard porté sur notre environnement. 

  2. Cette association de domaines variés se justifie par son parcours d’étude pluridisciplinaire.