TRIGGS, Teal, Fanzines: The DIY revolution, London, Thames and Hudson, 2010.

TRIGGS, Teal, Fanzines : La révolution du DIY, Paris, éditions Pyramyd, traduit par Claire REACH, 2010.

Dans Fanzines : La révolution du DIY, Teal Triggs nous plonge au cœur d’un voyage à travers les multiples facettes des fanzines, ces publications aux tirages limités ayant bousculé les codes de l’expression créative. Elle questionne, à travers cette rétrospective, l’évolution de ce médium de communication, ses principes, son utilité, son lien au DIY (it yourself) ainsi que sa place dans notre société.

Elle montre ainsi les divers langages graphiques représenté, les limites autour de la publication, l’omniprésence du DIY et ses sous communautés, ainsi que la richesse des émergences politiques et sociétales.

Teal Triggs étaye ce parcours en six grandes parties. La première contextualise la signification du mot « fanzine », développe ses premières innovations au moment de son apparition et enfin évoque sa rencontre avec la pratique dites manuelle du do it yourself1.

La deuxième se focalise sur l’apparition de la culture punk ; au style assumé et provocant, symbole de résistance et sans le moindre filtre. On y découvre une pratique du DIY mise en avant dans la conception de ces fanzines personnalisés, agrafés à la main, accompagnés de photos sérigraphiés, dotés d’une typographie entièrement customisée grâce au collage, dessin et au texte tapé à la machine. Le fanzine, en tant que moyen de communication, opère une diffusion plus large puisque des sujets comme la mode, la musique engagée, la politique, l’anticapitalisme ou encore les bandes dessinées se retrouvent nettement plus mis en valeurs2.

Dans le troisième point, le fanzine post-punk se joint à la culture de la consommation, le mode de vie des clubs et des raves, la musique et la critique du capitalisme. Le style graphique reprend certains codes punks et s’appuie sur des caricatures afin de dénoncer et alerter. Certains adoptent des styles moins extravagants et plus sophistiqués afin de promouvoir de la musique ou un style de vie3.

La quatrième partie concerne les premières revues féministes et politiques du mouvement riot grrrls. Le DIY répond à une esthétique post-punk. Le fanzine devient un espace propice au discours et à une élévation de la voix féminine à travers des revues sans tabou, avec humour et autodérision. L’identité graphique est accentuée par le collage, les jeux de couleurs, des illustrations et caricatures des clichés autour de la femme détournés, ou des images la valorisant. Le fanzine permet aux femmes de se retrouver, de partager une passion ou encore des opinions; sans se sentir rabaisser par les diktats de la société4.

Le fanzine et le DIY se confrontent dans une cinquième partie aux e-zines, des fanzines nés de l'ampleur du développement du numérique. Le fanzine change de forme mais garde une éthique DIY. Ce qui évolue avec les e-zines, c’est ce sens de partage d’informations et cette diffusion auprès d’un public de masse en ligne. De plus, les e-zines encouragent l’auto-édition et permettent aux auteurs de toujours avoir les pleins pouvoirs sur leurs écrits. Certains e-zines s'accompagnent de collage photos et de textes manuscrits intégrés visant à donner une allure de fanzine. Ils sont rapidement critiqués et ne sont pas considérés comme authentiques à contrario de la version papier. Ceux exploitant les atouts informatiques sont au contraire mieux mis en valeurs5.

Enfin, l’auteur termine dans les années 2000 avec la perte de cette nature intense et chaotique que l’on retrouvait il y a quelques années dans le fanzine. Les quelques exemplaires du passé se métamorphosent en objets graphiques proches de la rareté. Le DIY se divise en plusieurs branches. Nous retrouvons des revues en lignes, des communautés alternatives promouvant l’artisanat et les fanzines personnalisables et confectionnés à la main et des fanzines d’auto-apprentissage que l’on reconnaît particulièrement aujourd’hui6.

Teal Triggs développe un concept clé, celui du « DIY ». En raison de sa pluridisciplinarité, le DIY regroupe en son sein d’autres concepts notamment « le partage » incitant à la création en communauté, « la diffusion » visant à promouvoir un ou des opinions ainsi qu’un accès global aux écrits pour tous, « la dénonciation » essentielle pour s’exprimer autour d’un sujet posant problème, « l’entraide » similaire au partage poussant au travail d’équipe et à la solidarité, et enfin « la créativité » permettant de s’exprimer à travers différents mediums et imposer certains styles.

Cette pratique est visible à travers plusieurs formes, aspects, politiques et communautés.

Le fanzine et la pratique du DIY semblent englober un certain humanisme. Ils nous rendraient plus attentifs au monde et à la société qui nous entoure. L’alliance de ce moyen de diffusion à cette pratique nous permet de promouvoir une plus grande diffusion des mœurs, des tendances ainsi que des expériences. Dans le champ du design, le fanzine se rapprocherait d’un objet intéractif, émotionnel et intuitif centré sur les intérêts de son utilisateur. Le DIY quant à lui serait un des piliers de l’open design. Il serait en accord avec cette optique du partage des informations et des projets et d’un travail de groupe permettant de faciliter la réalisation de systèmes plus complexes.

Nour DHRAIEF, Licence 3 « Design, Arts, Médias », Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2022-2023.


  1. TRIGGS, Teal, Fanzines: La révolution du DIY, Paris, éditions Pyramyd, traduit par Claire REACH, 2010, Chapitre 1, p. 6. 

  2. TRIGGS, Teal, Fanzines: La révolution du DIY, op.cit., Chapitre 2, p. 44-49  

  3. Ibidem, Chapitre 3, p. 86. 

  4. Ibid, Chapitre 4, p.130. 

  5. id., Chapitre 5, p.170. 

  6. id., Chapitre 6, p. 204.